J’ai eu l’occasion d’aller voir le très attendu Joker en Dolby Cinema (voir mon article sur pourquoi ces salles sont l’expérience ultime de cinéma actuellement)
Bien installé au Pathé Beaugrenelle, prêt à en prendre plein les yeux et les oreilles. Voici ma critique du film :
Les origins stories qui reviennent sur la genèse d’un super héros sont légions, mais celles sur les origines d’un méchant sont rares. Le Joker a toujours eu un traitement spécial au cinéma avec beaucoup plus de soin que les autres méchants. On se souvient facilement des acteurs qui ont endossés le rôle, du génial Jack Nicholson au regretté Heath Ledger en passant par Mark Hamill pour la voix de l’animé (Déso pas déso Jared Leto)
En voyant une énième mouture du Joker après le ratage de Leto, je n’étais pas emballé mais un détail de taille m’a permis de garder de l’espoir : Joaquin Phoenix.
Sans parler de sa prestation il y a des années dans Gladiateur ou Signes, j’ai découvert le talent de cet acteur dans Walk The Line, le biopic sur Johnny Cash. Plus tard j’ai apprécié son interprétation dans Her de Spike Jonze.
Dans Joker, il montre encore plus l’étendue de son talent, je vais y revenir.
Dans les années 1980, à Gotham City, Arthur Fleck, un comédien de stand-up raté est agressé alors qu’il ère dans les rues de la ville déguisé en clown. Méprisé de tous et bafoué, il bascule peu à peu dans la folie pour devenir le Joker, un dangereux tueur psychotique.
Rares sont les films qui m’ont nécessité autant de temps avant de pouvoir me dire : c’est bon, je peux enfin donner mon avis, j’ai digéré ce que j’ai vu.
La première raison est que Joker est un film dur, qui met mal à l’aise le spectateur de façon crescendo. La seconde est que la réception critique du film, en plus de son prix à la Mostra de Venise, est plutôt dithyrambique, ce qui élève le niveau d’exigence et le risque d’être déçu.
Very Bad Trip
Joker est un film bien plus sombre (avec des airs de films indés) que la grande majorité des films DC ou Marvel. La lente descente aux enfers du personnage est très bien amenée, de sa paranoïa à l’escalade de la violence. Joaquin Phoenix est bluffant, glaçant, touchant parfois mais toujours avec une maîtrise folle. Il est époustouflant dans cette performance. Son rire me hante encore une semaine après.
J’ai aussi apprécié la différence de traitement du personnage, qui loin d’excuser ces horreurs, montre un cheminement et une société qui est en partie responsable de sa folie. Ce Joker 2019 est très différent des personnages psychopathes qui agissent sans raison, il n’est pas aussi manichéen et c’est ça qui rend le film intéressant et si dérangeant. Quand c’est un pur psychopathe qui tue sans raison et par plaisir, il y a aucune remise en cause de la société, c’est un monstre. Ici c’est différent, c’est un être humain avec ses peurs et ses doutes.
La photographie du film est très réussie, tout comme son esthétique en général. La musique participe activement au malaise ressenti pendant le film avec beaucoup de graves qui accentuent le mal-être.
Le film est interdit aux moins de 12 ans, à juste titre mais certaines scènes sont vraiment choquantes, j’aurai personnellement été pour un 16+ à cause du réalisme.
Au passage, le réalisateur Todd Phillips a réalisé les premiers Very Bad Trip, ce qui fait un sacré chemin parcouru depuis.
Au final, je ressors de Joker assez sonné, il m’aura fallu plusieurs jours pour digérer ce que j’ai vu. C’est un film dur, qui provoque un sentiment de malaise croissant. Mais c’est aussi une performance hallucinante de Joaquin Phoenix accompagné d’une photographie et une esthétique réussie. Un film à voir, au cinéma c’est mieux, en Dolby Cinema encore mieux ^^
Date de sortie : 9 octobre 2019
Durée : 2h 02min
Réalisé par : Todd Phillips
Avec : Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz
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