[Ciné] Critique : American Sniper

Affiche-American-Sniper

Voir en Clint Eastwood l’un des plus grands réalisateurs de ces 20 dernières années n’a rien d’exagéré. Si certains de ses films divisent, on relève dans la majorité des termes élogieux, des synonymes d’Oscar ou Golden Globes, et dans la lignée une brouette pleine de statuettes.

American Sniper, dernier en date, est peut-être avec le duo Mémoires de nos pères / Lettres d’Iwo Jima le plus enclin à la polémique. La guerre, des militaires, une vision que l’on pourra vite voire comme glorifiante, certains n’ayant pas hésité à le qualifier de fasciste. Je n’avais pas réellement de doute quant à la stupidité de ce dernier argument, mais pourquoi pas.

Le film retrace l’histoire de Chris Kyle, soldat légendaire de la guerre d’Irak, et plus meurtrier sniper de l’histoire martiale Américaine.

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Après une introduction relativement convenue mais efficace, survolant les jeunes années et appuyant légèrement la période précédant son engagement dans les Seals, le film frappe, très fort. Que ce soit dans son approche ou dans sa mise en scène, American snipers ne s’embarrasse pratiquement pas de mise en scène pompeuse. L’action est crue, prenant aux tripes le plus souvent, pas de violon ou ralenti pour présenter des situations parfois atroces, en résulte une atmosphère qui sait se faire oppressante. Même constat pour les moments prétendument calmes, ou la vision recentrée sur Chris Kyle nous donne cette sensation d’étouffement, le changement de plan s’accélérant et ralentissant avec le rythme cardiaque du personnage.

D’un point de vue formel, il n’y pratiquement aucun reproche, que ce soit dans le jeu d’acteur de Bradley Cooper (éclipsant le reste du casting d’une certaine façon) ou la mise en scène, ni Hollywoodienne ni façon ciné indépendant, beaucoup de «caméra au poing » s’alternant avec de plus rares plans larges. De fait, pas à proprement parler de moments joyeux ou tristes, plutôt un flot ininterrompu où les moments d’apaisement n’existent plus vraiment.

De même, on remarque la quasi-absence de musique, relayée à un plan très secondaire, preuve qu’elle n’est pas toujours nécessaire (prends ça Michael Bay). Le pari est ici davantage dans des sons d’alarmes, métalliques et angoissants, plus rythmiques que mélodiques.

AMERICAN SNIPER

Si la forme marque, le fond est tout aussi éclatant. Il y a certes une impression de bataille entre un bien et un mal, mais cela n’est jamais fait qu’à travers la démonstration d’une vision Américaine, pas comme un parti-pris. Clint Eastwood ne fait que montrer ce qu’est la nation Américaine, un pays très jeune tiraillé entre l’ancienne et la nouvelle civilisation Européenne, né véritablement à la guerre de sécession. La première vision, que l’on a tendance à enterrer trop vite, à savoir un patriotisme exacerbé où mourir pour la patrie est acceptable voire normal. La seconde, plus actuelle, replaçant les proches (famille en tête) comme au-dessus de tout et relayant la première vision comme Fasciste. Chris Kyle est ainsi constamment tiraillé entre les 2, et ce n’est justement pas la guerre qu’Eastwood présente comme bonne ou plus importante.

A ce titre, cette vision faite à travers un seul personnage n’en est que plus expressive. Le peu présenté ici est une éclatante leçon sur ce que sont les USA. Les forces et faiblesses ne sont pas épargnées. L’impression d’invincibilité, les difficultés, la dépression, la remise en question, pratiquement tout y passe. Une chose est sure, il est difficile de tirer une leçon d’American Sniper. Il reste une histoire, pas une belle histoire mais un film incroyablement puissant, une présentation à la fois large et intimiste, déshumanisante, que chacun comprendra différemment. Le voir comme une propagande guerrière servant l’aigle Américain est assez largement à côté de la plaque, bien des critiques sont tombées dans le panneau pourtant. Rien de surprenant, la pêche aux cons est toujours bonne avec ce genre de sujets.

On file le voir bien sûr. Clint Eastwood signe un chef d’œuvre à Oscar de plus. Une réussite sur le fond et la forme, qu’il est nécessaire de voir sans à priori.

American-Sniper (3)

Date de sortie : 18 février 2015

Durée : 2h12min

Réalisé par : Clint Eastwood
Avec : Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes

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2 Comments

  1. Zalijeux
    5 mars 2015
    Reply

    J’ai eu la chance de voir ce film au cinéma il y a peu.
    Il est très touchant et singulierement beau… J’aimerais pouvoir voir des films comme cela plus souvent!
    Merci à Clint Eastwood et merci à legolasgamer pour la belle critique 😉

  2. 11 mars 2015
    Reply

    J’ai aussi eu la chance de voir ce film il est vraiment excellent

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