[Ciné] Critique : Rosalie Blum

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Le Feel-good movie, l’un des genres les plus clivant entre les peuples, tant les codes dépendent de leurs racines, leur culture, leur notion de bonheur, de morale, leur façon de manier les sentiments avec plus ou moins de retenue.

De fait l’objet est intéressant car si on le qualifie souvent de trop simpliste en France, il n’essaie pas  systématiquement de singer l’Américain, racontant une histoire sans sortir de son cadre, pour de bonnes ou de mauvaises raisons (souvent de mauvaises). Et dans un océan de films clones, interchangeables, il y a un petit îlot abritant des perles comme Rosalie Blum, baigné dans une histoire à l’apparence simple, mais brillante et honnête, servie par 3 excellents acteurs.

Vincent Machot connaît sa vie par cœur. Il la partage entre son salon de coiffure, son cousin, son chat, et sa mère bien trop envahissante. Mais la vie réserve parfois des surprises, même aux plus prudents… Il croise par hasard Rosalie Blum, une femme mystérieuse et solitaire, qu’il est convaincu d’avoir déjà rencontrée. Mais où ? Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l’espoir d’en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu’attachants. Une chose est sûre : la vie de Vincent Machot va changer…

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Simple dans sa mise en scène, ne mettant en avant aucune touche artistique particulière, Rosalie Blum est pourtant plus qu’agréable. Le scénario en premier lieu, confronte des situations et scènes simples, mais qui une fois détricotées et ramenées à l’échelle d’un film prennent leur sens, le tout à coups de retour dans le temps et de changements de points de vue. L’histoire ne nous prend pas par la main, mais ne nous perd jamais non plus. L’écriture est ainsi la plus grosse réussite du long métrage, ou plutôt sa transposition (car il s’agit au départ d’une bande dessinée), ni tentaculaire ni d’une complexité inutile, se révélant surprenante et inattendue dans sa finalité.

Soyons clair, une grosse partie de cette réussite repose sur les 3 acteurs principaux, chacun dans leur registre. J’avais déjà vu Kyan Khojandi dans le film Lou (encore une adaptation), ici pas de surprise, son talent gagne un cran tout en restant dans ce rôle de trentenaire timide et maladroit, à la vie hésitante, lui allant à merveille. Une part un peu plus sombre vient de son obsession pour Rosalie, dont on ne comprend pas la raison. Noémie Lvovsky tient la part la plus ambiguë du casting, à la fois effacée et omnisciente, son personnage étant la trame même du film. Celle-ci assure son rôle de femme sur le fil du rasoir, manifestement tiraillé. Mon petit coup de cœur va à Alice Isaaz et son rôle empreint d’évolution, passant, au gré de toute la palette d’émotion, d’un personnage presque extérieur et espiègle au commencement, à une jeune fille touchante et plus impliquée qu’on ne pourrait le croire. Il faut être honnête, le fait que je considère son sourire comme le plus beau du cinéma Français doit jouer.

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Les seconds rôles sont intéressants car presque à l’opposé. Plus classiques voire caricaturaux (mais à leurs places), ils apportent la quasi-totalité de l’humour et des situations décalées du film, comme le verni indispensable. Anémone en douce dingue, campant une mère à la fois écrasante et envahissante, toujours prête pour rabaisser son fils. Un rôle sur mesure pour l’actrice. Le reste des rôles est au diapason, on reprochera un léger manque de prise de risque de ce côté.

En adaptation d’un roman graphique (pas vraiment format bd) relativement épuré, Rosalie Blum fait, à mon sens, mieux que son matériaux d’origine, lequel est un peu trop froid. Ici le rythme lent et l’approche sans artifice demeurent, mais le réalisateur Julien Rappeneau lui insuffle une humanité plus évidente des sentiments ainsi que des petites pointes d’humour bien adaptées au format.

Que lui reprocher ? Son côté Feel-good movie justement, qui si je le trouve de circonstance déplaira à ceux qui recherche une prise de risque stylistique. Le film Lou, qui s’il se contentait de reprendre l’univers de la BD, gardait son univers décalé et cette patte douce jusque dans les moindres détails. Ici nous sommes dans un univers classique, aux tons parfois trop froids. Mon avis est que cela n’entrave pas l’ambiance (l’inverse l’aurait peut-être même desservie), mais il faut l’avoir en tête.

Une histoire touchante et intelligente, des acteurs passionnés et attachants, un film prêt à vous réchauffer le cœur.

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Date de sortie 23 mars 2016

Durée : 1h 35min

De : Julien Rappeneau

Avec : Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz

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Un commentaire

  1. Christian
    25 mars 2016
    Reply

    Bonjour. Je ne connais pas ce film, mais après avoir lu ta critique, il me semble fort bien. Si l’histoire est touchante, je suis sûr de l’aimer. 🙂

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