Marvel est devenue une philosophie cinématographique, une certaine idée du blockbuster, avec des films de plus en plus rodés au risque de s’enfermer dans un certain train-train. Bons, parfois très bons, mais semblables ? Car les films, qu’on le veuille ou non, créent un magnifique univers autant qu’ils perdent, individuellement, en identité. Ainsi l’univers, d’une richesse et d’une cohérence impressionnante, n’autorise que très peu de fantaisie. Tout l’inverse d’un DC qui, totalement foutraque, s’autorise des chefs-d’œuvre autant qu’elle réussit des tours de force d’incohérence, introduire la justice league en un seul film par exemple.
Civil War est sans doute le plus grand pari de Marvel, car s’il ne doit logiquement pas remettre en cause ses codes, doit composer avec pléthore de héros et, difficulté supplémentaire, les faire s’affronter, le tout en un seul film.
Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers, dont la mission est de protéger l’humanité. À la suite d’une de leurs interventions qui a causé d’importants dégâts collatéraux, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision.
Cette nouvelle donne provoque une scission au sein de l’équipe : Steve Rogers reste attaché à sa liberté de s’engager sans ingérence gouvernementale, tandis que d’autres se rangent derrière Tony Stark, qui contre toute attente, décide de se soumettre au gouvernement…
Soyons honnêtes, je ne me faisais pas de soucis sur la qualité du film, les frères Russo étant je pense le meilleur choix pour dépeindre l’univers Avengers, le soldat de l’hiver étant facilement le meilleur de la série.
Et oui, pari tenu, Civil War est un bon film, voire très bon film si l’on excepte les quelques facilités de scénario apparaissant parfois. Un grand film ? Non, mais on peut comprendre les élans extatiques car le duo de réalisateur maîtrise diablement bien le fan service. Le film est très bon car il comprend parfaitement sa licence, mais aussi car il aborde un visage un peu plus grave que ses prédécesseurs. Pas un grand film car justement son schéma est ultraclassique, que ce soit dans son intro, sa mise en scène ou sa photographie. A aucun moment on ne prend une véritable claque visuelle et cela reste un peu dommage. Passés quelques plans iconiques bien troussés, l’œuvre se repose un peu sur le « c’est du Marvel » dans un domaine (visuel donc) où justement la marge est possible.
Art de la punchline oblige, Civil War se déchaîne et fait souvent mouche. Paradoxalement, cet aspect comique ou léger se révèle à mon sens surdosé dans la scène clé du film, la fameuse bataille dans la l’aéroport, qui sans spoiler voit s’affronter les 2 camps d’Avengers. Rien à dire sur le côté castagne, juste jouissif. En revanche, un excès de petites punchlines transformant son sujet grave (guerre fratricide) en un sujet presque léger, ruinant sa notion d’enjeux, dommage car un mince dosage aurait suffi. Cela est particulièrement vrai pour Spiderman, parfaitement bien cerné mais dont le côté comique est d’emblée surexploité. Il ne faut néanmoins pas bouder son plaisir dans ce genre de remake moderne des 3 mousquetaires (1948 ou 1961 pour la référence), comprenez « ou aucun objet du décor ne doit rester debout ».
Personnages justement, où là encore on repère plusieurs clans. En premiers lieu les leaders, le Captain et Iron Man, soutenant le film sur leur épaule. La relation entre eux, peut-être pas assez fouillée faute de durée, est malgré tout une vraie réussite, transcendée dans une incroyable scène finale, facilement la meilleure de l’univers Marvel. Ainsi les 2 personnages survolent le film, au point d’effacer une bonne partie du casting, La veuve noire et la sorcière rouge en tête, d’une platitude très étonnante.
Bonne pioche sur les nouveaux. Entre un Spiderman en mode jeune imbécile et un Black Panther sur le fil du rasoir et en nuance le pari est tenu. Black Panther aura par ailleurs son propre film en 2018, ce qui s’annonce intéressant.
Le méchant enfin, difficile à classer, mais pas pour l’interprétation d’un Daniel Bhrul toujours au sommet. Le personnage est à la fois édulcoré par rapport à son modèle Comics (je ne spoilerai pas le personnage), ce qui le rend certes plus profond et justement moins manichéen que dans un Marvel classique, mais aussi légèrement ambigu. Son côté à la fois homme seul mais pourtant omniscient vu ses plans est particulier, mais s’il serait critiquable dans un univers DC plus réaliste n’est pas bien grave ici.
Déception avec la bande son, dont aucun thème ne sort du lot. Pas forcément mauvaise mais terriblement passe-partout.
Je parlais du côté relativement classique même si maîtrisée de son approche, cela est vrai excepté pour le dernier quart d’heure où, sortant enfin les tripes, le film hausse l’ambiance d’un cran dans une séquence assez fabuleuse et à la hauteur de sa dénomination de Civil War. Cela montre que l’Avenger ultime, le grand Marvel, celui qui fusionneraient cette gouaille dans un élan créatif et une maîtrise scénaristique est encore à inventer, mais qu’il n’est pas un fantasme. Lui en possède des éléments, des scènes, réussit un tour de force en restant cohérent, mais n’en est pas encore là.
Une copie propre, affutée, maîtrisée de bout en bout, mais aussi prisonnière de son univers. Captain America : Civil War Un très bon cru, des moments de purs bravoure, un excellent divertissement mais pas encore un chef-d’œuvre.
Coucou,
En ce qui me concerne, j’ai adoré ce film. D’ailleurs, les scènes d’action étaient tout simplement à tomber par terre.
Au revoir