Nom fourre-tout par excellence, Tale of Tales m’évoque personnellement plus la série vidéoludique Japonaise des Tales Of qu’autre chose. Une adaptation « adulte » des contes à travers l’histoire de 3 maisons royales ? Pourquoi pas. Bien que le sujet ait déjà été pillé jusqu’au trognon, les bons modèles sont trop rares. La mode étant aux personnages extraordinaires dans un monde souvent ordinaire (oui, les films de superhéros), il est toujours intéressant de voir l’inverse.
Tale of Tales est l’histoire plus ou moins croisée de 3 contes à travers 3 familles royales d’un même monde imaginaire. L’un présentant une reine obsédée par son désir d’enfant et d’une jalousie maladive, le second un roi aux mœurs très libre, le troisième un autre roi délaissant sa fille pour une puce.
Adaptation libre d’un recueil de contes du 15ème siècle de Giambattista Basile, le Pentamerone, Tale Of Tales n’est pas aussi surprenant qu’on pourrait le croire d’un point de vue purement artistique, mais sa présentation en tant qu’œuvre cinématographique est une petite prouesse. En effet, le terme de conte ne se limite pas dans sa forme première aux contes pour enfants, mais à une histoire volontairement irréaliste, dans sa forme et dans ses codes. Il peut alors être plus ou moins joyeux, immoral, triste voire sordide. Pas loin de pencher vers ce dernier genre, Tale Of Tales est plutôt macabre.
Ce parti pris est bluffant pour plusieurs raisons. Tout d’abord le film est visuellement magnifique, tout en contraste, alternant paysages vastes et lumineux à des grottes sombres, des charniers et des boucheries enfumées, ou créant le contraste au sein d’une même scène (reine dévorant un cœur de bête dans une salle immaculée). Déroulant une assez large palette de mise en scène, il garde pourtant une grande unité, excepté à de rares moments.
D’autre part, il présente à travers un univers fantastique les humains plus vrais que nature, en grossissant le moindre des traits de caractères au travers des actes et leurs conséquences, bien souvent par la mort, le désir étant clairement mis en tête des sentiments tortueux. Pas de morale cul-cul ou de belles histoires donc, juste des histoires. Le plus réussi bien que le plus classique dans ce sens est alors le récit de la reine jouée par Salma Hayek. Son approche plus travaillée visuellement que les autres peut faire paraitre le film un peu inégal en revanche. La scène sous-marine (je n’en dirais pas plus), véritable sommet pour l’ambiance et les mirettes, intervient dans les premières minutes par exemple.
Il faudra avant tout accrocher à cette approche sous peine de voir le film comme uniquement sombre ou cruel. De fait il n’épargne rien aux personnages, n’ellipse aucune scène qu’elle soit très gênante, violente, ou simplement drôle. Comme une toile d’art macabre ferait dire – c’est magnifique mais je n’en voudrais pas dans mon salon-, le film laisse ce sentiment dérangeant.
Excellente direction d’acteurs également, bien que le film, ou plutôt ce type de conte, ne soit clairement pas adapté à la langue Anglaise, trop policée face aux langues Latines, pas assez exubérante par exemple pour un Vincent Cassel pourtant excellent dans le rôle du roi libertin.
Pas loin du chef-d’œuvre, Tale of Tales est un film aussi merveilleux que malsain, aussi rafraîchissant que torturé, un modèle d’intelligence ne s’embarrassant pourtant d’aucun message.
Date de sortie : 1 juillet 2015
Durée : 2h13min
Réalisé par : Matteo Garrone
Avec : Salma Hayek, Vincent Cassel, Toby Jones
Film sans aucun intérêt, très creux au final. Belles images, beaux costumes et bons acteurs mais tout ça pour quoi ??