Imagine toi un instant hors du monde, le temps infime d’une projection. Là, lové dans ta couette, tu t’échappes dans un univers duveteux rempli de couleurs pastel et d’archétypes rassurants. Dans un monde d’enfance quasi idyllique, celui que tu aurais souhaité en tous cas. Le temps de flâner, tu remontes au sommet de ton immeuble s’ouvrant sur une ville aux milliers de couleurs, entre l’écrasante vision de la modernité et l’ambiance de quartier que pouvait te décrire tes grands parents. Bronzer, arroser les plantes vertes, jouer à la console, espionner la belle voisine (ou le beau voisin), la vie quoi. Lou, la BD, et maintenant le film, est tout cela à la fois. L’exemple d’une retranscription plutôt réussie.
Petit phénomène de BD Française, Lou est l’œuvre de Julien Neel, auteur aussi à l’aise en graphisme qu’en scénario. Une fille entre enfance et adolescence comme idée de départ ? Pas original de prime-abord. Le graphisme si particulier et l’approche intelligente lui permirent pourtant de se classer quasi-instantanément comme un des modèles du genre. La BD est une chose, son adaptation en est une autre. Ce même Julien Neel étant aux commandes du film, nous avons tout pour avoir peur ou pour espérer… au choix.
Synopsis : Elle vit seule avec sa mère, Emma, qui a mis de côté sa vie de femme ces dernières années pour se consacrer à l’épanouissement de sa fille. Leur cocon confortable cache malgré tout quelques failles : Emma stagne et glisse doucement vers la mélancolie alors que Lou est obnubilée par Tristan son petit voisin, délaissant sa bande de copains…
Posons les bases immédiatement : Inutile de connaitre l’œuvre originale pour apprécier ce film. Tout est présenté dès l’introduction, de façon un peu rapide et confuse mais sans être indigeste. L’histoire est bien une adaptation, mais s’extirpant relativement de son modèle sur les petites intrigues. Beaucoup de points sont condensés, l’essentiel faisant références aux tomes 1 et 3.
Les quelques premières minutes sont particulièrement scolaires, presque en parodie de film Français. Mais heureusement cette impression s’estompe rapidement. Il n’y a rien de véritablement novateur, le fond est assez banal, mais pourtant ! Des archétypes, des personnalités grossièrement dépeintes, des personnages simples, mais une honnêteté dans le propos. Tu sais, cette naïveté nostalgique façon « bon vieux » club Dorothée. Ce temps où les choses étaient si simples, si apaisées, et sans doute idiotes. L’aspect graphique est néanmoins le point le plus marquant. Nous avons bien une ville, des appartements, des immeubles, des pizzerias, mais aucun de ces lieux ne ressemblent à quelque chose de réel, tout parait plus calme et coloré.
Les acteurs sont relativement convaincant, mentions spéciales pour Kyan Khojandi en vieil étudiant et à Ludivine Sagnier en mère adolescente lunaire. Bon début également pour l’interprète titre Lola Lasseron, adorable Lou même si pas aussi pétillante que dans l’œuvre originale.
Il y a de la douceur dans ce film, sans doute un peu trop, si bien que l’on oublie parfois le propos. Mais derrière l’histoire classique fait de petites scénettes se cache une excellente adaptation. Peu ou pas d’innovations, mais l’impression de retrouver totalement l’univers de la BD. Un univers de rêveries à la Michel Gondry, là où chaque chose possède son univers graphique, du salon foisonnant de détails à l’interprétation imagée de la moindre idée des personnages. En sens, Neel réussit quelque chose de sans doute unique pour un long métrage Français : parler culture JV, façon rétrogaming et implicite, plutôt intelligemment.
Un bon film ? Une œuvre dont on se souvient avec un immense sourire.
Date de sortie : 8 octobre 2014
Durée :1h44min
Réalisé par : Julien Neel
J’ai déjà lu la BD il y a quelques années et je m’étais dit à l’époque qu’une adaptation de ce livre au cinéma serait intéressante. Maintenant que ça va se faire, j’ai hâte de voir comment Julien Neel va-t-il nous conté cette petite histoire de ce petit duo mère et fille.
Pas encore vu mais il me tente ce film