Un film basé sur un criminel hors norme, un de plus ! Oui mais cette fois-ci, à l’instar d’un Bronson, il n’est pas question de petits emprunts ou de clins d’œil mais d’une œuvre biographique sur un des plus grands chefs de gangs des 50 dernières années. Plus encore, il décortique un fiasco d’état, à grand renfort d’acteurs de renoms, Johnny Depp en tête.
Strictly Criminal raconte l’ascension fulgurante du chef de gang de Boston James Bugler, devenu maître de la ville en l’espace de quelques années via une collaboration avec le FBI.
Avant toute chose, le titre original Black Mass se voit modifié ici en Strictly Criminal, une étrangeté de plus dans la tête des pontes de chez nous (peut-être la peur de le faire passer pour un porno gay interracial mais cette explication n’engage que moi !).
Impression étrange dès la sortie. Car ce film est réussi, très réussi, particulièrement côté acteurs, l’histoire n’est ni trop longue ni trop courte, les choix artistiques sont très bons. Pourtant, il n’y a rien de vraiment mémorable en soit, il manque la petite marque qui le ferait entrer dans la cour des grands, Le Parrain ou Les Affranchis par exemple. De fait, il n’apporte rien de révolutionnaire, ne bouscule pas ce genre parsemé de chefs-d’œuvre, pas suffisamment. Quelques moments de bravoure sortent du lot et vous prennent véritablement aux tripes, mais à côté de cela l’atmosphère n’est pas aussi étouffante qu’on le souhaiterait. Malgré la violence des scènes, les exécutions à peine mises en ellipses, le film déroule son plan recentré sur le personnage sans vraiment s’attarder sur la personnalité profonde ou ses causes. Il survole ces aspects, sans doute par manque de temps, rendant le personnage comme une sorte d’antéchrist que rien ne touche, laissant les rares scènes que l’on voudrait touchantes assez peu réussies.
Dernier point noir, là encore conséquence des choix du réalisateurs, on peine à voir Bugler comme un véritable parrain de la mafia. Son influence n’étant représentée qu’en toile de fond. L’homme reste dans un cercle resserré, vivant dans sa bulle.
Ces petits points négatifs ne font néanmoins pas oublier la fabuleuse réussite formelle du film. Maitrisé de bout en bout, il livre à Depp un rôle exploitant l’étendue de son talent. Si l’on reconnait des soupçons de Sparrow dans la gestuelle, l’homme est capable du meilleur, alternant le calme glaçant et les accès de fureurs. Le casting est au diapason de sa performance, sans aucune fausse note, particulièrement Cumberbatch dans le rôle du frère politicien. De même, le rythme imposé est idéal pour ne pas voir le temps passer, sans surprise mais sans longueur.
Mais l’atout majeur du film tient dans le duo Depp-Edgerton. Ce dernier campe l’agent Connelly, ami d’enfance de Bugler organisant la collaboration entre le criminel et le FBI. Voir Connelly constamment défendre Bugler devant sa hiérarchie, se prendre dans un jeu plus ou moins mafieux sans savoir où est la limite, tout dans cette approche est maitrisé et captivant.
Un film qui flirte souvent avec le génie, excellent sur pratiquement tous les points. Mais, la faute à certains modèles du genre, n’est pas à classer au panthéon du film criminel.
Date de sortie : 25 novembre 2015
Durée : 2h3min
Réalisé par : Scott Cooper
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