Il est bien loin le temps des James Bond de la guerre froide, classes et surréalistes. Suivant la logique du super-héros, l’espion n’est -depuis la fin de cette période- plus une simple machine au caractère prévisible. Il lui reste à devenir au choix, soit un héros presque humain, avec des faiblesses parfois criantes (la franchise James Bond depuis Daniel Craig), soit le point de départ d’un des très nombreux films parodiques surfant sur l’âge d’or du genre (1950-1970).
Spy se classe version très gros sabots dans la parodie, tout en ajoutant un élément central non négligeable, la femme. Oui, cette chose qui dans le film d’espionnage servait de secrétaire ou d’atout charme, au mieux de cale-pieds pour scénario. Et puisqu’il faut déconstruire un mythe, autant la faire peu attirante, nunuche, et très éloignée des canons de beauté. Bref, rentrons dans la parodie bien grasse, un genre très dur à maîtriser tant il peut devenir lourd et gênant pour le spectateur.
Scénario :
Susan Cooper, analyste à la CIA, aide le super agent Bradley Fine dans toutes ses missions de terrain. Assistant à la mort en direct de ce dernier lors de l’interpellation de la belle vendeuse d’arme Rayna Boyanov, Susan comprend que l’intégralité des identités d’agents opérationnels est maintenant connue. Elle se porte alors volontaire pour remplacer son ex-collègue.
D’un scénario gros comme une Aston Martin, le réalisateur Paul Feig nous fait avancer un premier constat : le film n’est pas lourd. Spy n’est pas un chef-d’œuvre, loin de là, mais il concilie à merveille l’humour Anglais décalé, noir et cynique, avec l’approche Américaine très rentre-dedans. Le film se joue ainsi des clichés pour les gonfler à bloc et mieux les éclater. Aucun des codes classiques n’est ainsi vraiment respecté, et c’est sans doute cela qui est le plus jouissif.
En revanche, le film se perd un peu en longueur, les 2 heures finissent par se faire sentir, le dernier tiers se répétant. On flirte parfois avec la limite du gag à force d’insister dessus. Dernière mention négative qui mérite d’être soulignée, l’apparition de 50 Cent en caméo aussi bien amené qu’un placement produit Transformers.
Clairement le point fort est ici la distribution, chacun des rôles étant taillés sur mesure. Jason Statham tire clairement son épingle du jeu en espion borné récitant des litanies à rallonge.
On peut regretter que le film ne déconstruise en rien le mythe du film d’espion, ne lui apporte rien non plus, se contentant de remplacer d’immenses clichés par leurs exact opposés, mais ce n’était de toute façon pas son but.
Un film à voir, une fois ou deux, car maîtrisant son sujet. Rien de nouveau, de génial ou d’osé, mais une bonne petite comédie bien stupide sans être trop lourde.
Date de sortie : 17 juin 2015
Durée : 2h
Réalisé par : Paul Feig
Avec : Melissa McCarthy, Jason Statham, Jude Law
Dans le before de Canal+ il était plus critique sur le film mais comme je préfère écouter les vrais gens, ça ne doit pas être si mal que ça .