Adaptation d’un roman à succès, Miss Peregrine et les enfants particuliers parait, de loin, comme une énième tentative de retour au premier plan de Tim Burton, dont l’image sans cesse en dents de scie (plutôt proche du sol) ne cesse d’agacer depuis 2003 et le très bon Big Fish. Une esthétique très Burtonnienne au vue des premières images, mais on ne sait jamais ce que nous réserve cet être si atypique du cinéma.
À la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs … et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre « particularité » peut sauver ses nouveaux amis.
Tout d’abord, je n’ai lu aucun des livres rattachés à cet univers, j’aborde donc cette critique comme purement filmique.
Dire que ce film signe le grand retour de Burton serait exagéré, mais il y a dans Miss Peregrine un relent des premières amours du cinéaste, une époque décomplexée et créative assez folle. Nous sommes loin d’un Beetlejuice bien sûr, mais l’homme manie son sujet avec passion et poésie. On se retrouve ainsi, dernière demi-heure mise à part, dans un très bon film, à la fois beau, humoristique, n’oubliant jamais d’être sombre. Dernière demi-heure mise à part, car celle-ci parait expédiée par manque de temps, le rendant plus proche du blockbuster sympathique et enfantin qu’autre chose. Passé cet écueil, et si l’on fait l’impasse sur le Burton qui fait du Burton, on ne peut que se réjouir de cet énième exercice réussit. Le réalisateur ne tombe pas dans sa caricature comme il le faisait dans Dark Shadows, et se permet quelques petites audaces et clins d’œil au passé.
De même, la mise en scène retrouve chez lui un second souffle, un poil plus plate que dans son âge d’or, mais un cran au-dessus de ce qu’il fait depuis des années.
Un peu amorphe, l’acteur principal est heureusement épaulé par d’excellents acteurs, Eva Green par exemple, qui assume jusqu’au bout son rôle de nouvelle Anna Bonham Carter. Reste qu’avant les acteurs, c’est encore une fois l’univers et les petits détails qui sont mis en avant : la particularité de chaque personnage, une petite scénette en animation stop motion, quelques codes d’humour noir, des passages enchanteurs. On sent que Burton s’est amusé et cela fait plaisir à voir. On passera ainsi sur le dénouement de l’intrigue, en décalage avec le scénario très sombre, laissant les méchants passer d’entités effrayantes à pantins pas bien dangereux, pour retenir la très bonne expérience que constitue ce film.
Miss Peregrine et Les Enfants Particuliers est le film que l’on n’espérait plus du côté de Burton, qui s’il ne signe pas un chef d’œuvre reprend sans trébucher ce qu’il fait le mieux, baignant constamment l’ensemble entre onirisme et noirceur.
Date de sortie : 5 octobre 2016
Durée : 2h 07min
De : Tim Burton
Ça fait plaisir de voir que l’ami Burton est sorti de sa spirale de non inspiration
Les critiques mettent en effet en avant que la dernière demi heure nuit au film mais dans l’ensemble ça donne envie d’aller le voir 🙂