[Ciné] Critique : Captain Fantastic

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Acteur habitué aux seconds rôles, Matt Ross est bien méconnu en tant que réalisateur et pour cause, Captain Fantastic est sa première réalisation d’envergure. D’envergure, car son succès est suffisamment important pour le faire sortir du circuit purement indépendant. Mais il ne faut pas se tromper avec ce film, il reste totalement indépendant, et cela transpire jusque dans ses moindres détails.

Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.

CAPTAIN FANTASTIC

Tout d’abord, ne pas s’attendre à autre chose qu’un film indépendant, dans la tradition Sundance, qui s’il n’a rien de cryptique perdra beaucoup de spectateurs dès le début. Roadmovie assez classique de prime abord, jusque dans ses codes esthétiques, l’intérêt du film réside dans la finesse du propos, confrontant une Amérique à une autre, l’une civilisée mais considérée comme à bout de souffle, l’autre survivaliste mais éclairée, avec tout ce que cela comporte, passablement inadaptée au monde moderne. Sur ce simple constat Matt Ross déroule un film absolument brillant, fait d’absurde et de situations décalés, parfois de doutes, ne cessant de questionner par petites touches l’une et l’autre des idéologies.

CF_00391 Shree Crooks stars as Zaja in CAPTAIN FANTASTIC, a Bleecker Street release. Credit: Wilson Webb / Bleecker Street

Le propos reste un peu plus difficile à transposer en Europe tant il soulève le principe même des USA, mais reste parfaitement compréhensible et appréciable. Difficile de prendre le film en défaut tant il maîtrise de bout en bout son sujet… il n’y a à vrai dire que sa forme que l’on peut décrire de scolaire. Par ailleurs le film ne tente pas, ou très peu, de briser son postulat de départ, encore qu’il amène une fin ouverte, largement sujette à l’interprétation. Si tous les acteurs, même les plus jeunes, rendent une excellente copie, le film est porté à bout de bras par Viggo Mortensen, père à mi-chemin entre survivaliste, hippie et sage antique, désirant élever ses enfants en « rois philosophes ». Toujours par petites piques, le réalisateur rejette une idée fondatrice de ce pays à savoir les religions organisées, Christianisme en tête, engagement suffisamment fort pour lui valoir des détracteurs outre Atlantique. En somme, un film qui fera suffisamment réfléchir celui qui s’y ouvre, mais qui ne risque pas de retourner l’opinion des autres.

Captain Fantastic n’est ni de ces films grandioses ni de ces chefs d’œuvre amenés à rester, mais marque tout de même de son empreinte le cinéma d’auteur Américain, toujours bien plus brillant que l’on pourrait le penser. A voir pour s’aérer l’esprit dans une petite bouffée d’intelligence.

 

Date de sortie : 12 octobre 2016

Durée : 1h 58min

De : Matt Ross

CF_00991_R_CROP (l to r) Kathryn Hahn stars as Harper and Steve Zahn as Dave in CAPTAIN FANTASTIC, a Bleecker Street release. Credit: Erik Simkins / Bleecker Street

 

 

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